Réouvert au public après douze ans de fermeture, le Palais Rameau, bâtiment lillois romano-byzantin bâti au XIXème siècle, abrite désormais plusieurs « salles de classe » de l’école d’ingénieurs Junia. Grâce à une ossature en bois de peuplier local, sa réhabilitation-restauration
En 1878, à la construction du palais Rameau, le métal était à la mode. En 2025, à la réouverture de ce bâtiment lillois emblématique, c’est le bois qui inspire les architectes. Quoi de mieux dès lors, que marier ces deux « contemporanéités » pour signer une réhabilitation moderne tenant compte de l’existant. A en croire les réactions des premiers invités du palais lors de l’inauguration du bâtiment début février, le pari de l’agence d’architecture Lilloise Atelier 9.81 semble gagné. Malgré la taille de cette halle de 3950 m2, l’impression de légèreté domine. En partie grâce aux poteaux moisés structurant les “boîtes dans la boîte” du nouveau bâtiment. Composés de quatre pièces jumelles parallèles, ces poteaux en peuplier local répondent avec harmonie à la structure métallique ajourée d’origine. En plus de permettre l’insertion de cloisons amovibles d’un bâtiment conçu comme évolutif et réversible.
« Ramener une ossature en peuplier local dans cette grosse masse combustible, ce n’était pas gagné » confie Geoffrey Galand, architecte, cogérant d’Atelier 9.81 en désignant les dizaines de sprinklers au plafond prêts à arroser le bâtiment en cas d’incendie. Autre casse-tête pour l’architecte, l’accessibilité du bâtiment. Une rampe d’accès discrète permet l’accès aux personnes à mobilité réduite, tandis qu’un léger décaissement de la dalle - autorisé par la DRAC – a permis l’installation d’un ascenseur.
Un Palais du peupl..ier
« Faute de pouvoir enlever le toit, ce fut un chantier de manutention très compliqué » renchérit Antoine Bisbrouck, patron de de l’entreprise Edwood, spécialiste lillois des constructions bois. Un gros travail de phasage et de levage. Six ouvriers (au lieu de trois en temps normal sur ce type d’opération) ont été nécessaires pour assembler les 160m³ de lamellé-collé de peuplier de l’ossature et les 200m³ de panneaux CLT en épicéa pour les planchers.
Réhaussé de 60cm, le faux-plancher cache un plénum technique accueillant les divers réseaux. Une astuce pour là encore limiter au maximum l’impact sur l’existant. Outre l’exigence de respect du patrimoine, le projet se devait être réversible. Junia, l’école d’ingénieurs, maître d’ouvrage du projet, dispose d’un bail emphytéotique de 25 ans. La propriété du bien reviendra ensuite à la mairie de Lille… qui pourra alors décider d’allouer le bâtiment à d’autres usages. Dans une certaine mesure. Car la municipalité reste liée au testament de Charles-Alexandre-Joseph Rameau, président de la société lilloise d’horticulture, légataire en 1876 sa fortune pour l’édification de bâtiment à une condition : que le lieu soit dédié aux expositions horticoles, et exceptionnellement à des fêtes musicales et expositions artistiques.
Fiche technique
Maitrise d’ouvrage : JUNIA
AMO : Amexia
Maitrise d’oeuvre : Atelier 9.81: Valentin Carpentier, Anne Evrard, Jossselin Bracq, Alice Cladet (architecte mandataire), Perrot & Richard (architecte du patrimoine), Elyne Olivier (historienne), Les Saprophytes (paysagiste), Verdi Ingenierie (BET), Elan (BE environnement), P2L (BE VRD), Lateral Thinking Factory (conseil économie circulaire), REFL-EXE (OPC), Socotec (Bureau de contrôle), Bureau Veritas (CSPS).
Entreprises du chantier
Lots monuments historiques : CHEVALIER NORD (Échafaudage - Maçonnerie - Restauration des façades), ATELIER H CHEVALIER (Sculpture), DUMANOIS, UTB et LASSARAT (Charpente - Couverture - Verrières – Étanchéité), MÉTALLIERS LORRAINS et ASSELIN (Menuiseries extérieures), RAMERY (Gros œuvre).
Lots Aménagements intérieurs : KORUS (Gros œuvre - Curage – Démolition), EDWOOD (Ossature bois), SDI (Plâtrerie - Plafonds suspendus -Menuiseries intérieures), SAVAGE PEINTURE (Revêtements sols souples), CRI (Revêtements carrelages – Faïences) , DÉCOR PEINTURE (Peinture), SATELEC (Électricité CFO Cfa), DALKIA (CVC plomberie), FRANCE ASCENSEURS (Ascenseur), KORUS (Serrurerie), PAYSAGE DE FLANDRES (Aménagements extérieurs et plantations), TPRN et SAS CITEOS (VRD), CLF-SATREM (Sprinklage).
Budget : 15,2 M € HT dont 11,9 M € HT de travaux.
Légende
Doté d’une façade néo-mauresque surmontée de deux tours, prolongée par une serre horticole circulaire en fonte, le bâtiment a été réhabilité par l’agence Perrot & Richard Architectes.
Spécialiste de la construction bois basé à La Madeleine (59), l’entreprise Edwood, dirigée par Antoine Bisbrouck, a usiné les poutres moisées du bâtiment avec un bois provenant de la scierie Alglave basé à Lillers (62).
Outre des espaces d'enseignement et de recherche, le bâtiment abrite un incubateur de projets innovants, une serre et un jardin de 6.000 m².
Pour Geoffrey Galand de l’agence d’architecture lilloise Atelier 9.81, la structure bois qui se développe de part et d’autre de la nef, était la solution pour préserver l’âme des lieux tout en assurant son obligation de réversibilité.
La restauration du bâtiment a permis de retrouver le vert émeraude originel de sa structure métallique qui, heureux hasard, combine harmonieusement avec la couleur clair du bois de peuplier.
Rédaction : Alexandre Lenoir
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