La résidence intergénérationnelle est une nouvelle idée basée sur un ancien modèle. Gardera-t-elle ses atouts originels suite aux bouleversements des derniers mois tant dans l’espace privé que public ?
La résidence intergénérationnelle est une nouvelle idée basée sur un ancien modèle. En effet, il s’agit des personnes de différents âges qui vivent ensemble et partagent leurs dynamismes ainsi que leur temps. Dans le passé, cela se faisait au sein de familles élargies ou de groupement de personnes très unies. Plus récemment, ce concept a été introduit dans certains logements où vivent des personnes âgées. Une pensée qui pourrait basculer en temps d’épidémie. Au cours des derniers mois, la vie à l’intérieur comme dans l’espace public a subi de sévères bouleversements. La résidence intergénérationnelle gardera-t-elle ses atouts originels ?
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Les avantages des projets intergénérationnels sont connus, et les quelques réalisations en France ou dans le monde ouvrent la voie pour l'avenir. À l’époque de la distanciation physique, de l'auto-isolement et de la perte de la plupart des contacts, il se peut que nous nous dirigions vers un avenir où nous devrons être plus solidaires. Aujourd'hui, nos priorités sont la protection des personnes et la capacité d’assurer leur subsistance. Mais quand nous sortirons de cette crise, il sera nécessaire - voire primordial - de débattre sérieusement des modes de vie futurs. L’habitat intergénérationnel, dans lequel les personnes âgées peuvent vivre de manière autonome tout en étant au sein d'un groupement solidaire, pourrait être l'un des éléments constitutifs d'un avenir meilleur.
© Mutations Architectes
Un sujet de concours d’idées
En 2014, l’agence d’architecture Mutations Architectes a reçu le premier prix d’un concours d’idées à Portland qui avait, pour sujet, l’habitat intergénérationnel. Il s’agit d’une parcelle vacante située non loin du centre-ville de Saint-Denis qui contenait à l’époque un hangar abandonné et sur laquelle l’agence a imaginé plusieurs constructions. Ces dernières sont composées de logements pour étudiants mais aussi pour personnes âgées. Chaque habitant a la possibilité de profiter des espaces communautaires, comme les ateliers ou le jardin partagé, tout en disposant de son propre logement et en gardant son intimité. Il s’agissait de « concevoir des séquences de vie » déclare Pierre de Montigny en se souvenant de sa conception baptisée : « Auberge du dialogue des âges ». Une conception qui a non seulement enchanté le jury mais qui aurait pu être réalisée. Sauf que l’idée est restée sur le papier et c’est aujourd’hui que l’on se rend compte de sa nécessité.
Dans le monde
Au Canada, en Grande-Bretagne, en Belgique ou ailleurs des constructions de logements intergénérationnels commencent depuis de nombreuses années à voir le jour. Il s’agit, dans la plupart des cas, de projets portés par des associations et situés non loin des villes. Certaines résidences comportent même des espaces médicalisés pour les personnes âgées. Ces dernières pourront participer à la vie de la cité quand elles ont envie ou quand leur santé le permet. Pendant ce temps les autres résidents, en général des jeunes étudiants, peuvent accéder facilement à leurs occupations.
© Luc Boegly
En France
En France, nous pouvons compter quelques réalisations exemplaires qui donneront probablement, d’ici quelques années, l’envie d’en construire d’autres. Citons, par exemple, la résidence intergénérationnelle à Lille qui a été instiguée par la maîtrise d’ouvrage Villa-Village dont les travaux ont été menés à bien par l’agence Stera Architecture. En effet, le projet héberge des personnes âgées et des étudiants. Chacun reste chez soi dans des logements équipés, répartis dans deux bâtiments. L’une des deux entités est ancienne tandis que l’autre consiste en une extension contemporaine réalisée avec tact et préciosité. L’architecte Stefania Stera a composé intelligemment l’ensemble. Les lieux de rencontres consistent en une grande cuisine, une cour et une laverie qui sert également de salon ainsi qu’un espace informatique nécessaire pour certains résidents. Des espaces nécessaires pour garder un minimum de lien social.
© Stéphane Chalmeau
© Stéphane Chalmeau
Un autre exemple tout aussi fonctionnel - il s’agit d’une nouveauté -, c’est l’agence rennaise a/LTA, gérée par Maxime Le Trionnaire et Gwenaël Le Chapelain, qui l’a réalisée. Baptisée La Lyre, l’édifice est situé dans la ZAC Normandie Saumurois au nord de Rennes. Le concept est né suite à plusieurs ateliers urbains entre les divers opérateurs et architectes pour aboutir à une réalisation typique qui met en avant de nouvelles manières d’habiter dont l’accession libre pour les primo-accédants, la colocation et les résidences séniors, le tout dans le but de rompre l’isolement. Un programme inédit qui comprend 8 logements réservés aux personnes âgées, une résidence dédiée à la colocation estudiantine ainsi qu’une autre dédiée aux invités, sans oublier une salle commune et un jardin ouverts et accessibles à tous les résidents.
D’autres formes à explorer
Pour finir, le pavillon nordique de la Biennale de Venise 2021 sera transformé, grâce à l’intervention de l’agence d’architecture Helen & Hard basée à Stavanger, en un projet expérimental de cohabitation. Le concept soutenu et réalisé par le musée national de Norvège présentera un exemple concret d’un projet intergénérationnel basé sur la participation et le partage.
Il est nécessaire d’ajouter que ces différentes initiatives instaurées de par le monde participent à l’amélioration de la dimension des espaces communs tout en préservant celle des espaces privés. L’habitat intergénérationnel a besoin d’un engagement actif et d’une participation volontaire des habitants dans la gestion de leur nouveau cadre de vie. C’est probablement une alternative à l’isolement et un accélérateur de lien social qui reviendra en force après la période pandémique qui a chamboulé bon nombre de nos habitudes. L’architecture est un moyen important dans le processus de cette réalisation.
Rédaction : Sipane Hoh
Biosourcé, renouvelable, de proximité, capteur de carbone, inscrit dans une économie circulaire : le bois est par excellence le matériau du XXIème siècle, emblématique de la Troisième révolution industrielle.
Le PRCB met chaque année en lumière l’excellence de la filière forêt bois régionale en récompensant des ouvrages remarquables en bois.
Spécialiste en charpente et ouvrage de bois, la PME Edwood, basée à Saint-André-lez-Lille, enchaîne depuis deux ans les chantiers prestigieux. Créée en 2005, elle compte aujourd’hui 25 collaborateurs, dont 18 charpentiers.