11, 12 & 13 février 2026

Roubaix : un Parpaing dans le temple de l’économie circulaire

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Roubaix : un Parpaing dans le temple de l’économie circulaire

17/10/2024

Installé depuis 2023 dans une ancienne filature roubaisienne, Le Parpaing recycle les matériaux issus de chantiers de déconstruction de la métropole lilloise. Et fait le pari audacieux d’un site de stockage physique pour entreposer ses produits requalifiés.

 

Des éviers, des parpaings, des dalles, des luminaires, des sièges en plastique… Au premier étage d’une ancienne usine textile de Roubaix, les étals du magasin Le Parpaing s’apparentent à la cour des matériaux de n’importe quelle enseigne de bricolage. À cette différence près que tous les produits… ont déjà servi. Les luminaires viennent du musée d’art moderne de Villeneuve d’Ascq en rénovation, les sièges en plastique sont ceux de la tribune démontée d’un stade de Wasquehal, les parpaings proviennent de la tour Kennedy, en train d’être déconstruite à Loos….

 

Installé depuis 2023 à Tissel, ex-filature transformée en tiers-lieu de l’économie circulaire, Le Parpaing recycle les matériaux issus de la déconstruction, en pariant sur l’avantage de disposer d’une plateforme physique, en plus d’un hub numérique. À rebours des principales entreprises du secteur (Backacia, Cycle) qui se recentrent, elles, sur le web pour faire le lien entre l'offre et la demande.

 

« Pour nous, le réemploi n’est pas simplement une question de transit, » explique Romain Brière, co-fondateur du Parpaing. « Nous apportons une plus-value aux matériaux entre leur récolte et leur réutilisation. » Remise en état, requalification technique, reprofilage… Autant d’opérations nécessitant un vaste site de stockage. Le Parpaing se déploie actuellement sur 800 m², mais prévoit de s’étendre dans les prochains mois. Objectif : atteindre les 2000 m², taille minimum pour faire fonctionner le modèle d’une entreprise passée de 6 tonnes de matériaux récupérés en 2022 à 100 tonnes cette année. Avec, pourquoi pas à plus long terme, l’ouverture d’un magasin aux particuliers (qui, pour le moment, doivent prendre rendez-vous) pour vendre les pépites haut de gamme dégotées dans les chantiers. À l’image de ces lustres de l’ancienne ambassade lilloise de Belgique, signés Henri Vian… le père de Boris.

 

Qui achète ? Des architectes et des designers en premier lieu. « Il y a pour le moment plus d’entrée que de sortie, » concède Romain Brière. Pour intéresser de plus gros acheteurs, Le Parpaing doit capter des gisements plus importants et se spécialiser davantage, en tablant sur ce qui marche le mieux en matière de recyclage : les pierres, les pavés, les revêtements de sols. Ces ressources inertes nécessitent, en effet, moins de contraintes normatives pour être réutilisées.

 

Autre client du Parpaing : Le Parpaing lui-même. Car l’entreprise, fondée par un collectif de jeunes architectes engagés dans la transition écologique, puise aussi dans ses stocks pour ses propres projets. L’entreprise intervient en effet à chaque étape de la filière. Au début du processus : cahier des charges de démolition, accompagnement des démolisseurs pour le tri, rédaction du diagnostic PEMD (produits, équipements, matériaux et déchets), obligatoire depuis 2022 pour définir les produits recyclables… Mais aussi à l’autre bout de la chaîne, en tant que bureau d’études et assistant à maître d’ouvrage, en surfant sur les appels d’offres toujours plus nombreux à exiger une part de réemploi. Tendance qui n’a pas échappé à un autre locataire de Tissel, voisin du Parpaing : le BTP-CFA Hauts-de-France (voir encadré). Rapprochement qui en appelle d’autres pour ancrer le BTP au cœur de l’économie circulaire.

 

Le BTP CFA est aussi dans la place !

Depuis l’année dernière, 80 des 800 apprentis  du BTP CFA Hauts de France profitent des vastes espaces de l’usine Tissel pour apprendre le métier de peintre, solier, bardeur ou plaquiste. A moins que certains ne décident entre temps de se spécialiser dans le réemploi. Car avec l’aide du Parpaing, l’école a déjà mis en place des référentiels sur la déconstruction et le réemploi. Quels types de matériaux sélectionner ?  Quels gestes adopter ?  Comment reconditionner ? « On sent les jeunes de plus en plus sensibilisés aux questions environnementales. Ils intègrent peu à peu le recyclage dans leurs schémas de pensée » assure Elisabeth Okoue, chef de projet au BTP CFA, qui compte bien proposer en 2025 le premier titre professionnel sur la déconstruction sélective en France.

 

 Bâtie en 1840 sur 11 000 m2 en plein centre de Roubaix, la filature Tissel a été rachetée par la Ville de Roubaix pour 1,5 millions d’euros. Après 2,4 millions d’euros de travaux, elle abrite depuis 2023 un tiers-lieu dédié à l’économie circulaire rassemblant 63 emplois.

 

Au premier étage de l’usine, l’entrepôt de stockage  du Parpaing a récupéré cette année 100 tonnes de produits issus de chantiers de déconstruction de la métropole lilloise. 

 

Installé sur 3000 m² à Tissel depuis juillet 2023, le CFA-BTP Hauts-de-France travaille lui aussi à structurer la filière du réemploi.

 

Installé sur 3000 m2 à Tissel depuis juillet 2023, le CFA-BTP Hauts-de-France travaille lui aussi à structurer la filière du réemploi.

 

Rédaction : Alexandre Lenoir

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