À 52 ans, Christophe Guillerme a repris en juin 2024 la Parqueterie de la Lys. Créée en 1875, l’entreprise de 19 salariés basée à La Chapelle d’Armentières est spécialisée dans la pose et la fourniture de parquet. Cet ingénieur HEI Lille en mécanique, ex-directeur des ventes de l’entreprise Provost Rayonnage (meubles de stockage), a peaufiné à temps plein son projet de reprise durant une petite année.
En juin 2024, vous reprenez une entreprise, certes renommée, mais qui perd de l’argent (- 30 000 € en 2023). N’était-ce pas là un pari trop risqué ?
Je parlerais plutôt de pari raisonnable. D’une part, parce que La Parqueterie de la Lys, créée il y a 150 ans aligne plusieurs atouts : une belle notoriété, des clients prestigieux (La Piscine à Roubaix, la CCI, la Rose des Vents…), des salariés compétents très attachés à leur entreprise… Et, chose plus importante qu’il n’y parait, un outil informatique efficace. Oui, elle a perdu de l’argent en 2023, mais au cours des dix mois précédant la reprise, j’ai identifié qu’il était possible d’améliorer la productivité. En gérant mieux les plannings et en suivant davantage les chantiers pour ajuster les heures prévues aux heures effectuées.
Et les résultats sont là ?
Six mois après la reprise, il est encore trop tôt pour tirer un premier bilan complet. Pour le moment, depuis juillet 2024, nous avons augmenté notre chiffre d’affaire de 18% par rapport à la même période en 2023.
Les difficultés dans le secteur du bâtiment ne vous ont pas refroidi ?
Le parquet, on en aura toujours besoin. Au-delà des effets de mode ou d’opportunités réglementaires temporaires. C’est un matériau qu’il faut rénover, entretenir, ce qui garantit un renouvellement d’activité. Par ailleurs, à l’heure où l’on baisse son chauffage pour faire des économies d’énergie, mieux vaut avoir du parquet au sol que du carrelage ou du béton ciré. Enfin, nous dépendons moins de la construction dans le neuf, le secteur du bâtiment qui souffre davantage de la crise aujourd’hui.
Comment se faire accepter par les équipes ? D’autant plus quand il s’agit de leur expliquer qu’il faudra désormais mieux travailler pour être rentable ?
En étant à la fois humble et ferme. Le constat était partagé par tous : il était anormal qu’une entreprise aussi qualitative donnant satisfaction à des clients solides (particuliers CSP ++, bijouterie Lepage, CCI, musées...) perde de l’argent. À partir de là, j’ai écouté les salariés ; je ne vais pas leur apprendre leur métier. Puis j’ai proposé des solutions, dans la gestion des plannings, dans le rangement des ateliers, dans l’adaptation numérique, pour remettre l’église au milieu du village.
Solutions qui ont été acceptées sans problème ?
Oui, car je suis là tout le temps. Mon bureau est toujours ouvert et je dialogue régulièrement avec le représentant CSE. Je suis très présent depuis six mois. Au bureau comme sur les chantiers. Ce qui tombe bien car je suis curieux et j’aime bien apprendre.
Qu’est-ce qui vous a poussé à vouloir reprendre ?
À 50 ans passé, il n’est pas forcément évident de se faire une place en entreprise. Si vous avez trop de compétences, vous prenez le risque de vous ennuyer. On peut vous trouver trop cher. Ou trop vieux par rapport au profil des autres salariés.
Concrètement, comment s’y prend-t-on pour trouver l’entreprise idéale ?
J’ai rencontré une dizaine de cabinets spécialisés en fusion-acquisition dans la région et quelques fonds d’investissement parisien en quête de repreneurs minoritaires. En un an, on m’a présenté une quinzaine de projets. Trois ont retenu mon attention dont la Parqueterie de la Lys qui m’a été présenté par Septentrion Finance.
Un conseil aux personnes qui voudraient reprendre ?
Être disponible ! Entre septembre 2023 date à laquelle on me présente le dossier Parqueterie de la Lys et la signature fin juin 2024, j’ai pu travailler à plein temps au projet de reprise. Dix mois durant lesquels, j’ai monté un dossier solide avec des perspectives à 6 mois, à un an, à 3 ans. Avec Valoxy, le cabinet d’expertise-comptable qui m’a accompagné tout au long de la démarche et a notamment réalisé un audit de l’entreprise qui m’a permis de percevoir une réalité moins rose que celle présentée initialement. Ensuite, c’est beaucoup de négociations avec le cédant, pas toujours simples, mais argumentées. Idem avec les banques.
Aujourd’hui, quel est le plus gros défi auquel vous estimez être confronté ?
Trouver du personnel qualifié. Il y a une pénurie de poseurs et de ponceurs. J’ai trouvé un intérimaire jordanien que je souhaite pouvoir embaucher. L’immigration peut être une solution, mais il faut aussi davantage faire connaître notre métier. Valoriser un domaine, parmi les plus confortables du bâtiment : terminer sa journée à 16h en travaillant à l’intérieur, on a connu pire.
Basée à La Chapelle-D’armentières dans le Nord, la Parqueterie de la Lys emploie 19 salariés, dont 14 poseurs et ponceurs, et réalise un CA de 2,3 M€ (70% pour les particuliers et 30% pour les professionnels).
Christophe Guillerme devant le parquet qui équipera bientôt la scène et les salles de danse de La Rose des Vents à Villeneuve d’Ascq.
Ingénieur en mécanique diplômé d’HEI Lille, Christophe Guillerme a débuté sa carrière en Asie chez Sidel (fabrication de bouteilles en plastique) avant de devenir en 2007 directeur des ventes de l’entreprise Provost puis en 2022, directeur général de DT Signs, PME spécialisée dans la signalétique.
Rédaction : Alexandre Lenoir
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