Prévue fin juillet 2025, dans le cadre de la requalification NPRU du quartier des Oliveaux à Loos (59), la démolition de la Tour Kennedy - la plus haute tour d’habitation au nord de Paris – aura lieu par foudroyage. Responsable de programmes à la direction du patrimoine chez Partenord Habitat, le bailleur propriétaire de la tour, Cindy Dufour nous explique le choix de cette technique de dynamitage.

Inaccessible aux personnes à mobilité réduite, trop coûteuse du fait de la présence permanente d’une équipe de sécurité, « encombrante » dans le cadre du réaménagement du quartier, la tour Kennedy va être démolie par foudroyage. De quoi parle-t-on exactement ?

Il s’agit de placer des charges explosives au bas, au milieu et en haut de la tour. A  des endroits où la structure aura été préalablement affaiblie de 40% en ôtant une partie des murs. Le positionnement des charges est étudié pour que la tour tombe sur elle-même.

En quoi la technique est-elle notable ?

D’ordinaire, on démolit par grignotage depuis le sol. C’est la technique employée pour les quatre autres tours que Partenord possède dans le quartier.  C’était impossible pour la tour Kennedy, haute de 95 mètres et qui comporte 29 niveaux. Nous aurions pu procéder par écrêtage avec des engins situés dans les étages inférieurs, mais ce procédé comportait trop de difficultés techniques et de nuisance plus importantes (bruits et poussières) pour les riverains. D’où le choix du foudroyage…

… qui réduit de facto la durée de l’abattage

Oui et donc les nuisances pour les riverains. Le plus gros du dégagement de poussière ne durera qu’une journée durant lesquelles les riverains auront été évacués dans un rayon de 200 mètres.

La technique est-elle moins chère ?

Oui en coût de travaux. Néanmoins d’autres coûts sont à prendre en compte liés à l’organisation et à l’évacuation des habitants le jour du tir par exemple.

Qu’allez vous faire des 19 000 tonnes de gravats ?

Après leur évacuation, qui devrait durer deux mois, métal et béton seront triés dans un centre de valorisation. Puis, le béton sera recyclé à 90 % en sous-couche de voirie ou de remblais routiers.

Quid du réemploi ?

Cuvettes de WC et lavabos en bon état, bordure en granit, éviers Inox, marche granito, ferme porte, éléments de signalétique, pavé auto bloquant, dalle de schiste et carreaux de façade vont être réemployés, s’ils sont en bon état. En tout nous visons 122 tonnes de réemploi sur l’opération. Les fenêtres font l’objet d’une filière de tri spécifique. Nous travaillons avec Néo-Eco , AMO spécialisé en économie circulaire.

Où en est-on du chantier aujourd'hui ?

C’est la fin du désamiantage et du curage (enlèvement de tout ce qui n’est pas structurel). On entame l’affaiblissement des structures. Nous pourrons procéder ensuite au forage des structures restantes pour placer les charges explosives.

Fiche technique

Maître d’ouvrage : Partenord Habitat

AMO Economie Circulaire : NEO-ECO

Maître d’oeuvre de démolition : Ginger DELEO

Entreprise de déconstruction : Cardem (Vinci Construction)

Entreprise de désamiantage : VALGO

Coût : 8,9 millions d’euros (relogement, travaux, maîtrise d’œuvre et honoraires)

Légendes :

Photo 1 : La démolition de la Tour Kennedy (à gauche) s’inscrit dans la requalification du quartier des Oliveaux, engagée dans le Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain (NPNRU) pour un investissement de 170 millions €.  Fruit d’un partenariat entre la MEL, la SPL Euralille, la ville de Loos et Partenord Habitat, le projet prévoit la destruction de 424 logements (uniquement PH) et la construction de 380.

Photo 2 : Avec ses 95 mètres et ses 28 étages, la tour Kennedy héritage des politiques nationales de reconstruction, construite en 1968, est la plus haute tour d’habitation au Nord de Paris. Les derniers occupants ont quitté les lieux en 2003.

Photo 3 : Cindy Dufour, responsable de programmes à la direction du patrimoine chez Partenord habitat. Le bailleur, propriétaire de la tour Kennedy et des quatre autres tours démolies dans le quartier des Oliveaux, porte des opérations (démolition, réhabilitation et résidentialisation) représentant un investissement de 32.5 millions d’euros

Photo 4 : Partenord Habitat, fusionné avec Habitat Saint-Quentinois depuis 2020, est le bailleur le plus concerné par le Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain (NPNRU) : 15 chantiers dans le Nord et l’Aisne.