La seule construction en France et dernière réalisation de l’architecte américain Richard Neutra (1892-1970), en collaboration avec son fils Dion, est née d’une rencontre. Celle de Marcel Delcourt, à l’époque à la tête des 3 Suisses (de 1948 à 1988), avec cet architecte à la démarche créatrice aboutie pour faire de la maison Delcourt une maison à vivre pour une famille du Nord.

La seule construction en France et dernière réalisation de l’architecte américain Richard Neutra (1892-1970), en collaboration avec son fils Dion, est née d’une rencontre. Celle de Marcel Delcourt, à l’époque à la tête des 3 Suisses (de 1948 à 1988), avec cet architecte à la démarche créatrice aboutie pour faire de la maison Delcourt une maison à vivre pour une famille du Nord.

Posée sur le gazon depuis 1969, ses vitres reflètent et révèlent la nature qui l’entoure. Les codes architecturaux des villas californiennes de Richard Neutra sont ici parfaitement identifiables ; structure poteaux-poutres, casquettes, bandeaux horizontaux, « pattes d’araignée » prolongeant visuellement la façade.        

« Les pattes d’araignée » accentuent la perception visuelle des lignes du bâtiment.

Simplicité et fluidité caractérisent la structure sobre et fine. La continuité des baies vitrées accentue l’effet d’horizontalité et apporte la transparence de la maison en connexion avec  la nature environnante.

Faire entrer la lumière et jeux de miroirs   

Jeux de lumière et de reflets vus depuis l’entrée.

À l’intérieur, les espaces sont ouverts. Les lignes de verticalité sont marquées par le calepinage des matériaux locaux (briques d'Hem, grès d’Artois) et des équipements, une maison équipée à l’américaine, mais pas le mode de vie ...

Certains aménagements et les couleurs ont été créés par les architectes

Une partie des aménagements intérieurs comme l’escalier, les bibliothèques et le mobilier intégré en pin du Canada ou noyer du salon ont été dessinés par Richard Neutra et son associé suisse Bruno Honegger qui supervisera la construction.

« Les pattes d’araignée » accentuent la perception visuelle des lignes du bâtiment.

Les vastes baies horizontales, jardinières en porte-à-faux, casquettes évidées et les décalages de plan créent une communication visuelle entre les différents espaces de la maison et effacent les limites entre intérieur et extérieur laissant largement entrer la lumière. L’utilisation de multiples miroirs, tant intérieurs qu’extérieurs, modifie la perception de l’espace et apporte grandeur à l’ensemble.                                                                  

Les miroirs intérieur et extérieur apportent la profondeur

À l’étage, certaines des chambres équipées de terrasse se prolongent de miroirs d’eau (pas de garde-corps) reflétant, là encore, la lumière changeante du Nord.

Par ces choix constructifs, l’espace extérieur est en continuité de l’intérieur de la maison. 

130 m² d’espace de vie ouvert sur le parc.

Un principe devenu un élément de recherche cher à Richard Neutra pour favoriser la relation entre l’homme dans son lieu de vie et la nature qui l’entoure. C’est d’ailleurs ainsi que l’architecte avait analysé les modes de vie de la famille Delcourt pour y répondre par cette maison à vivre. (lire éclairage ci-dessous)

* La propriété est inscrite au titre des Monuments Historiques depuis 2000

Neutra cherchait toujours l’intégration du lieu de vie dans la nature.

Éclairage :
Le « bioréalisme » selon Richard Neutra    

                                                                                                                     
Terme inventé pour exprimer sa reconnaissance de la « relation inhérente et inséparable entre l’homme et nature » ainsi que son approche philosophique du design.

En combinant « bio » et « réalisme », Neutra signalait la priorité qu’il accordait au respect des contraintes et des possibilités que la biologie humaine présente pour la conception. La biologie ne change pas avec la mode et il pensait qu’elle exigeait une approche de « conception fondée sur des preuves » et « biophilique ».
Le « bioréalisme » était censé se séparer fermement des autres architectes modernes qui étaient ses contemporains. À présent, il faut au moins quatre disciplines intellectuelles différentes pour saisir ce qu’il voulait dire ainsi.

1- la « conception basée sur des preuves » : la science informe les décisions de conception pour s’assurer qu’elles sont prises sur les motifs les plus solides possible,

2- la neuroscience : Neutra pensait que les preuves nécessaires à une bonne conception pourraient être trouvées dans la physiologie de base et le fonctionnement neuronal de l’homme,
3- la « biophilie » : lien profond que nos opérations physiologiques et neuronales ont sur le monde naturel qui nous entoure,

4- la « durabilité » : Les conceptions que nous créons devraient nous soutenir et nous maintenir dans un avenir avec ses propres nouveaux défis et nous aider à préserver tout ce que nous voulons sur les valeurs que nous trouvons et imprégnons dans notre monde vécu.

Rédaction par Christophe Tilmant