Pacte biosourcé, Prix Régional de la Construction Bois, enjeux du secteur, Olivier Fossé, président de Fibois -l’interprofession de la filière forêt bois des Hauts-de-France- évoque ses dernières actualités. Rencontre.
Comment se porte la filière bois régionale ?
Les planètes sont alignées ; mais il demeure des incertitudes. Le changement climatique met en péril nos forêts et de nouvelles contraintes administratives, au nom du respect de la biodiversité ou de nouvelles normes incendie, viennent peser sur nos entreprises. Mais on sent une dynamique générale avec une prise de conscience, des particuliers comme des professionnels, sur le fait que le bois est une partie de la solution pour décarboner la construction. À court et moyen terme, nous restons optimistes car la demande est croissante. Le bois est une des solutions, mais pas la seule.
Quels sont les enjeux de la filière bois régionale ?
Nous sommes en train de la structurer. Nous faisons en sorte que l’ensemble des acteurs se parlent, de l’amont à l’aval. Nous les accompagnons sur les projets avec l’appui des pouvoirs publics, notamment de la Région Hauts-de-France qui a compris que le bois représente un matériau et une filière d’avenir.
Que représente-t-elle dans les Hauts-de-France ?
Au regard des données INSEE et URSSAF disponibles, on estime à 4 400 le nombre d’établissements ayant une activité 100% en lien avec la forêt et/ou le matériau bois (dont le secteur du papier et du carton). Ces établissements emploient 13 900 salariés.
En y ajoutant l’ensemble des établissements ayant une activité partiellement en lien avec la filière forêt bois, la filière regroupe 10 100 établissements et 29 700 salariés*.
*Données issues d’une analyse effectuée sur un échantillon de 2117 établissements ayant un code activité appartenant partiellement à la filière.
D’où la nécessité de se faire accompagner par Fibois sur des sujets d’emploi, de formation, de qualification ou encore d’investissement. Auprès des maîtres d’ouvrage, nous poussons par exemple l’idée d’une avance forfaitaire pour financer la partie cachée de la construction bois. Car pour la plupart qui manquent de fonds propres, il peut être difficile de supporter les investissements inhérents à la préfabrication en atelier. Je pense -ceci dit- que l’avenir des entreprises de construction bois passera par le hors-site. Car la préfabrication d’éléments en atelier améliore les conditions de travail des compagnons et les temps d'exécution des chantiers. Cela nécessite cependant des investissements, tant sur les hommes que sur les machines. Le bois peut aussi trouver sa part dans la rénovation via des façades isolées.
Quels sont les atouts et les faiblesses de la filière ?
Nous sommes, en termes de volume, la plus petite région forestière de France. Donc culturellement, nous avons plutôt “une brique dans le ventre” et nous ne sommes pas habitués à la construction bois. De plus, nos essences sont peu propices à la construction bois.
En revanche, nous sommes la cinquième région utilisatrice de bois, avec une demande grandissante qui nous permet d’envisager de belles perspectives pour nos entreprises. Surtout, nous sommes la seule région à travailler les feuillus comme le peuplier en bois de structure. Dans quelques dizaines d’années, nous espérons pouvoir proposer ce bois au même prix que celui d’importation. Je me réjouis par ailleurs de n’avoir plus besoin de convaincre : la construction bois est désormais reconnue et c’en est fini des craintes liées aux Trois petits cochons. Nous devons aussi cela à la commande publique qui impulse beaucoup.
Lors du Forum International bois Construction qui s’est tenu à Lille en avril dernier, vous avez signé le pacte bois-biosourcé. Qu’est-ce que cet accord ?
Ce pacte est une initiative née en Île-de-France. Nous l’avons dupliquée en région avec la volonté d’adjoindre la compétence matériaux biosourcés en partenariat avec le CD2E. Nous co-portons et mutualisons ainsi les moyens sur ce sujet. 28 signataires dont 21 bailleurs sociaux ont signé ce pacte en présence d’Olivier Klein et Marc Fesneau, respectivement ministre délégué chargé de la Ville et du Logement et ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire. Tous se sont engagés à intégrer, 10, 20 ou 40 % de matériaux biosourcés dans leurs programmes. Ils pourront ainsi s’appuyer sur nos deux organismes neutres et compétents. Grâce à cela, nous devrions donc, a minima, doubler l’usage des biosourcés d’ici cinq ans. Il s’agit aussi d’envoyer un signal fort aux entreprises du bâtiment pour qu’elles puissent continuer à investir, former et anticiper le changement dans les méthodes de réhabilitation et de construction, et en particulier l’arrivée prochaine des futurs paliers plus exigeants de la RE 2020.
Vous venez de remettre les Prix régionaux de la construction bois, quel est le dénominateur commun des projets ?
Depuis quelques années, nous voyons une montée en qualité des projets, que ce soit par la compétence des entreprises, que par l’audace des architectes et maîtres d’ouvrage.*
Vous êtes partenaire du salon NORDBAT. Que représente pour vous ce rendez-vous qui aura lieu du 10 au 12 avril 2024 ?
C’est un rendez-vous incontournable en région ! Nous serons évidemment là pour échanger avec l’ensemble de la filière bâtiment présente, car nous sommes tous des acteurs complémentaires à l’heure de la décarbonation de la construction.
* Les Prix régionaux de la construction bois ont récompensé :
1er prix : Halle Marie de Lorraine à Guise (02)
2ème prix : Pressoir vinicole à Crouttes-sur-Marne (02)
Prix aménagement extérieur : Boulodrome du bois Farjon à Boulogne-sur-Mer (62)
Prix de la maison individuelle : Maison devant la dune à Cayeux-sur-Mer (80)
Prix habiter ensemble : Logements locatifs passifs à Anizy-le-Grand (02)
Prix réhabiliter un équipement : Extension de l'École Maternelle et construction d'un restaurant scolaire à Hasnon – Hasnon (59)
Légendes:
Olivier Fossé, président de Fibois / Crédit : Julie DUMEZ
Rédaction : Julie Dumez
À Lille, la future cité administrative s’érige pour atteindre la performance passive. Reportage sur un chantier hors-normes, le plus grand au nord de Paris.
Allons à la découverte d’un programme complexe, un travail exigeant et une architecture qui met la durabilité sur un piédestal. Il s’agit du nouveau collège Port Marianne qui prend place dans le quartier éponyme en pleine régénération.
Les garde-corps, claustras et séparatifs de balcons en aluminium créés par BUGAL se réinventent pour répondre aux attentes environnementales des consommateurs.