Gilles Denisse, architecte, Président de l'Union des Architectes Nord-Pas-de-Calais

Que représente l’UA 59 62 dans la région ?

Notre Union est le seul syndicat actif et représentatif des architectes sur le territoire. Je rappelle que l'exercice du métier d'architecte et le port du titre sont soumis à l'inscription à l’Ordre des Architectes, dont la mission est essentiellement régalienne (tenue du tableau, déontologie, conciliations, chambre de discipline). L'Ordre est sous la tutelle de l'Etat avec une mission de service public. Si cet aspect reste essentiel pour préserver la profession, l'adhésion au syndicat est libre et volontaire. A mon sens, elle est fondamentale pour défendre au quotidien, que ce soit dans les conditions de travail, le dialogue social (paritarisme avec les syndicats de salariés, convention collective de la branche architecture), l'égalité Hommes / Femmes, ou la représentation auprès des pouvoirs publics. Les missions de l'Ordre et du Syndicat sont complémentaires et je peux préciser que nombre des présidents de l'Ordre ont eu une activité syndicale très active qui a construit leur engagement auprès de la profession.

Quels sont vos combats du moment ?

Nous dénonçons l’évolution permanente des normes dans la construction. Comme actuellement avec les réformes successives en matière de rénovation énergétique, avec des diagnostics de performance énergétique (DPE) non adaptés. D’autre part, avec la crise de la construction neuve, nous nous attendons à une réduction de 15% des effectifs des agences d’architecture. Cela conduira inévitablement à un appauvrissement des compétences dans nos structures. Donc à une baisse de la qualité de la maîtrise d’œuvre. Il faut aujourd’hui du courage pour continuer car nous sommes dans la sauvegarde de nos structures. Des confrères m’ont déjà annoncé préférer repartir dans le salariat…

Comment percevez-vous cette crise de la construction?

Je rappelle qu’elle ne touche pas uniquement la construction neuve puisque nous constatons aussi des baisses de budgets en matière de rénovation. Et pour ces dernières, nous ne tiendrons pas les objectifs de rénovation thermique attendus par le gouvernement. D’une part parce que les industriels ne suivent pas, d’autre part, parce que nous n’avons pas suffisamment de compagnons pour assurer ces chantiers. Pour l’instant, nous sommes donc dans un brouillard absolu. Et sans décisions gouvernementales, nous n’avons plus de solutions.

Que représente le salon NORDBAT pour l’UA ?

Je suis ravi de l’existence du salon NORDBAT, c’est un événement incontournable dans la région. Il permet de rencontrer les confrères, de nous mettre à niveau sur les dernières innovations. Ces trois jours nous assurent d’avoir des contacts directs avec l’ensemble des acteurs de la filière, architectes, donneurs d’ordres et industriels.

Vous êtes aussi à l’initiative du pavillon des architectes avec le Conseil Régional des Architectes?

Oui, c’est un lieu important pour se retrouver entre confrères architectes, pour échanger et confronter nos pratiques, faire le point sur les matériaux à prescrire ou non. C’est LE lieu qui nous permet, tous les deux ans, de sortir la tête du guidon.

Rédaction : Julie Dumez