Inauguré le 27 août 2024, le nouveau quartier de la Cité des Arts à Lens rassemble six « hameaux » de 30 logements, à deux pas du Louvre-Lens. Un grand voisin prestigieux qui chauffe cet ancien quartier ouvrier grâce à un réseau géothermique unique en France.
« Venez voir les enfants, c’est la maison qui sert à nous chauffer ». Marion emmène ses deux garçons à l’intérieur du bâtiment neuf qui abrite la « chaufferie » de sa nouvelle maison couleur brique, à deux pas du Louvre-Lens. Elle a emménagé en juin 2024. Pour deux raisons : « On voulait un jardin pour les enfants. Et faire des économies en dépense d’énergie l’hiver ». Ce n’est pas Philippe Crapoulet qui douchera ses espoirs. Patron du bureau d’études lillois Bioclim, cet ingénieur-thermicien a conçu l’astucieux système de chauffage géothermique du nouveau quartier de 9 hectares inauguré fin août 2024 à Lens. L’ex-îlot Parmentier, assemblage de maisons minières administrées par le bailleur Maisons & Cités, a été rebaptisé « La Cité des Arts » après un chantier à 31 millions d’euros TTC débuté en juin 2020. Démolition de 34 logements pour en reconstruire 110, rénovation de 53 habitations et création d’une petite dizaine équipements collectifs : micro-crèche, épicerie, ateliers d’artiste… Le tout alimenté par un réseau de chaleur inédit.
Des PAC et des bâches-tampon
Afin de chauffer les logements du quartier, le réseau géothermique récupère en effet dans la nappe phréatique, le surplus de chaleur de 2°C dégagé par le Louvre-Lens tout proche. Grand « consommateur de froid » pour garantir l’hygrométrie de ses salles d’exposition, le musée rejette en effet une quantité importante de chaleur… captée puis distribué dans le quartier via une architecture novatrice. Plutôt qu’une veine d’eau linéaire allant d’îlot en îlot, le réseau adopte un parcours en forme de marguerite. « Ça permet de chauffer les maisons de manière équitable » se réjouit Philippe Crapoulet, « les habitations les plus éloignées du puisage ne sont pas lésées ». Autres instruments de régulation hors normes : ces bâches-tampon posées à proximité des six pompes à chaleur (PAC) réparties dans le quartier. D’une contenance de 7.000 litres, elles assurent l’approvisionnement en chaleur lors des pics de consommation.
170 logements en toute discrétion
« C’est lui le cerveau de l’équipe » reconnait Simon Delloue, l’un des deux architectes du projet, en désignant Philippe Crapoulet. Car si l’agence MA qu’il dirige a remporté le concours, c’est qu’elle a su répondre à l’exigence première du concours : un quartier démonstrateur en autonomie énergétique. Passé son excès de modestie, Simon Delloue détaille les deux axes architecturaux ayant présidé à l’aménagement du quartier : démolir le moins possible et minimiser l’impact des constructions neuves. Pour cette cité classée remarquable par l’Unesco et située en périmètre historique -car à proximité immédiate du Louvre-Lens-, l’architecte est allé au-delà de l’obligation de préserver une partie l’existant : trois bandes de maisons minières au lieu d’une. « Pour garder la mémoire du site et ne pas perdre la trame d’ensemble du quartier » justifie Simon Delloue. Concernant les 170 logements neufs ? « Plutôt qu’une grosse opération impactante on a privilégié six petites cités de 30 logements adoptant chacune une identité différente. » Un parti-pris qui a séduit les représentants des habitants, membres du jury d’attribution. Sensibles à cette volonté de tout changer en se faisant tout petit.
Fiche technique :
Maître d’ouvrage : Maisons & Cités
Maître d’œuvre : Atelier MA et Agence Houyez
Entreprises mandataires : Septentrionale de Construction et Miroux Construction
BET : Bioclim + HDM (voiries) + Acoustique & Environnement
Coût des travaux : 24 000 000 € HT
Coût de l’opération : 31 000 000 € TTC
Surface : 13.563 m²
Marion, François et leurs enfants ont quitté leur appartement de Liévin pour emménager en juin 2024 dans La Cité des Arts. Ils comptent sur des économies d’énergie cet hiver.
Initié en 2018, le projet La Cité des Arts, qui visait la construction et la réhabilitation de 170 logements miniers a été lauréat en 2022 du trophée REV3 du CD2E dans la catégorie « Energies renouvelables ».
Patron du bureau d’études lillois Bioclim, Philippe Crapoulet au côté des bâches tampon de 7000 litres accompagnant les PAC de son système géothermique.
La Cité des Arts est un vrai chantier vitrine de l’ERBM (Engagement pour le Renouveau du Bassin Minier), lancé en 2017 par l’État et les collectivités locales. Objectif : éradiquer en 10 ans les 23 000 logements miniers énergivores du bassin minier.
Rédaction : Alexandre Lenoir
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