Entreprise coopérative issue du Crédit Immobilier de France, Groupe Tisserin s’engage dans une nouvelle stratégie. Forte de 450 collaborateurs réalisant 400 millions d’euros de chiffre d’affaires, celle qui opère comme promoteur immobilier mais aussi, et c’est assez singulier, comme bailleur social, se place sous le statut d’entreprise à mission. Rencontre avec son directeur général, Ludovic Montaudon.
Comment est venu le souhait de vous placer sous le statut d’entreprise à mission ?
À l’occasion de voyages espacés de plusieurs années, notamment en Asie du sud-est, j’ai pu constater à l’échelle d’une vie les ravages du changement climatique. Les fonds marins ont par exemple perdu en biodiversité. De cette prise de conscience est né le besoin que mon action fasse une réelle différence. Et il se trouve que le secteur de l’immobilier et du bâtiment est l’un des plus gros consommateurs d’énergie. C’est notamment le cas lors de la phase de construction puisque l’on estime que sur la durée de vie d’un bâtiment, celui-ci consomme 25% lors de ces deux premières années et notamment lors de la phase de construction. Ce secteur doit donc être plus sobre et chez Tisserin, j’ai trouvé le bon endroit pour agir et avoir un impact positif.
Que vous procure la qualité d’entreprise à mission ?
Cette qualité introduite par la loi Pacte de 2019 donne une colonne vertébrale à notre stratégie en matière de responsabilité sociétale et environnementale (RSE). Chez Tisserin, nous avons d’une part, la particularité d’être une société coopérative. D’autre part, nous avons également un pied dans le logement privé avec Tisserin Promotion, Nacarat et Maisons d’en France pour la construction individuelle. Cela nous permet de confronter deux mondes qui ne travaillent pas particulièrement ensemble. Bien que nous ayons un statut coopératif, nous avons les mêmes critères de rentabilité. La différence réside dans le fait que nous réinvestissons nos bénéfices dans des missions sociales au profit des plus démunis. Cela représente près de 36 millions d’euros ces cinq dernières années. Quant à la question environnementale, elle est déjà présente dans nos réflexions lorsque l’on construit 2 000 logements chaque année.
Comment avez-vous procédé ?
Le groupe a d’abord défini sa raison d’être : “Ensemble, bâtissons une cité harmonieuse, plus équitable et plus durable”. Pour traduire cette idée sur le terrain, nous nous sommes fixés des missions pour trouver d’autres manières de transformer la société. Elles ont été définies en mode collaboratif pour engager l’ensemble des salariés et transformer nos méthodes de travail. In fine, la feuille de route énonce quatre missions déclinées en 12 propositions d’engagement et 32 axes.
Concrètement, comment cela va-t-il se traduire ?
La première de nos missions consiste à concevoir, réaliser et gérer aujourd’hui des lieux à vivre pour demain comme par exemple, en accélérant la régénération urbaine.
La deuxième priorité place le groupe comme un acteur de l’économie sociale et solidaire en agissant pour un logement de qualité et adapté pour tous. Ensuite, nous choisissons d’ancrer notre performance écologique au cœur de nos activités. Des actions auprès des équipes ont d’ores et déjà été réalisées comme la réalisation d'une fresque climat. Je souhaite que nous ayons recours à de nouvelles méthodes de construction plus respectueuses de l’environnement, en employant des matériaux biosourcés ou encore en veillant à la non-artificialisation des sols. Enfin, l’humain doit être au centre du changement.
Allez-vous mesurer ces actions ?
Ce cadre est un signal fort pour nos collaborateurs que nous devons emmener sur ces projets. Il est là pour transformer l’entreprise de l’intérieur. Nous avons donc mis en place un comité de suivi externe pour apprécier la progression des actions ainsi qu’un comité de pilotage incluant les équipes.
Devenir entreprise à mission, c’est aussi une manière d’attirer de nouveaux talents, la jeune génération étant particulièrement sensible à un projet d’entreprise qui a du sens.
Photos :
Crédit Tisserin
Rédaction : Julie Dumez
L'architecture humanitaire cherche à améliorer un problème humanitaire survenu en cas de catastrophe naturelle, de pauvreté, de conflit ou encore de maladie. Ces dernières années, nous avons assisté à un intérêt croissant pour les conceptions durables et socialement responsables. L'architecture humanitaire essaye, à son tour, d'aborder la...