De la conception à la pose en passant par la fabrication, Duriez s’est bâti une belle réputation dans le secteur du mobilier sur mesure haut de gamme : bureaux, boutiques de luxe, espaces publics, appartements privés… L’an dernier, la menuiserie familiale de 100 salariés a emménagé à Templeuve (Nord) dans des locaux moins énergivores, véritable aubaine à l’heure de l’envolée des prix de l’énergie. Futurs repreneurs de l’entreprise, Christopher et Nathanaël Duriez, petits-fils du fondateur, reviennent sur cette décision salutaire.
Êtes-vous impactés par l’explosion actuelle des coûts de l’énergie ?
Oui, mais beaucoup moins qu’avant ! Nos nouveaux ateliers sont entièrement chauffés grâce à nos déchets de bois via une chaudière biomasse avec filtre à particules. Reste les cabines de peinture qui continuent à être chauffées au gaz car elles nécessitent une maîtrise minutieuse de la température. Sur un an, la facture de gaz s’élève à 35 000 €. Trois fois plus que la normale. Mais nous sommes en train de réfléchir pour pouvoir préchauffer l’air avec la biomasse et faire l’appoint au gaz.
Et concernant l’électricité ?
Nous avons un gros parc de machines : des scies, des plaqueuses, des outils numériques etc. Sur un an, nous sommes à 100 000 € de dépenses. C’est 40% de plus qu’auparavant. Hausse heureusement atténuée grâce aux 1 400 panneaux photovoltaïques de l’atelier, complétés par des batteries de stockage à l’eau de mer. Le solaire assure aujourd’hui 25% de notre consommation électrique.
Chaudière biomasse, panneaux voltaïques… Votre déménagement a-t-il été l’occasion d’autres innovations écologiques ?
Sur les 3 hectares de terrain non occupés par l’atelier, nous avons installé une aire d’éco-pâturage… investie par un cheval de trait et une maraichère qui cultive des courgettes, aubergines, oignons, épinards etc., qu’elle écoule en partie auprès de nos collaborateurs.
À l’intérieur des locaux, nous disposons d’une grande salle de sports vitrée avec vélos électriques, banc de musculation, tables de ping-pong. À tel point que des riverains ont pensé à notre arrivée que nous étions une salle de fitness.
Le but de tout cela ?
Depuis un an, nous avons réduit notre bilan de carbone de 30 %. Ça correspond à une sensibilité environnementale plus marquée que chez nos aînées. Mais pas seulement. En réduisant les coûts de l’énergie, on assure la longévité et la compétitivité de l’entreprise. Et c’est aussi une question d’image. Beaucoup de nos clients sont sensibles à ce genre de démarche. Dans les appels d’offre, ça fait la différence.
Et du côté des salariés ?
Avoir cette démarche sociale et environnementale, c’est primordial pour attirer et fidéliser nos collaborateurs. Avant, c’était boulot-boulot, salaire-salaire. Aujourd’hui, on voit bien que les jeunes attendent de l’entreprise pour laquelle ils s’engagent, des valeurs fortes. Dans un contexte de pénurie de profils, c’est un vrai plus.
Face à la hausse des prix des matières premières, envisagez-vous le réemploi ?
Depuis un an, le bois et l’acier ont pris 50%. Le verre entre 30 et 40 %. On répercute ces coûts sur nos prix en essayant de rester raisonnable grâce aux gains effectués lors du déménagement. Concernant le réemploi, nous avons en effet des clients sensibles pour valoriser le mobilier existant. Mais entre la dépose, les finitions, le recalibrage, la remise au goût du jour, ça demande beaucoup de travail et au final ça revient plus cher que faire du neuf.
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Fiche technique :
Rédaction : Alexandre Lenoir
Décret tertiaire* en application au 30 septembre
“La couleur n'ajoute pas un agrément au dessin — elle le renforce”, affirmait le peintre Pierre Bonnard au début du 20ème siècle. Des mots qui résonnent encore aujourd’hui.