Paul Péchon, dirigeant de l’entreprise éponyme à Doullens, préside la CAPEB Hauts-de-France. Partenaire historique du salon NORDBAT, il évoque les enjeux qui mobilisent actuellement le monde de l’artisanat.

Que représente aujourd'hui la CAPEB Hauts-de-France?

Elle est issue de la représentation des cinq CAPEB départementales, auprès desquelles adhérent 4.300 entreprises, essentiellement artisanales. Tous les corps d’état sont représentés, du chauffagiste au gros œuvre, en passant par l’aménagement intérieur, les couvreurs et les électriciens. 

Comment se porte le marché de l’artisanat?

Le marché est tendu. Au troisième trimestre 2023, nous avons assisté à un recul de 0,5 % de l’activité dans les Hauts-de-France. C’est une tendance générale liée à l’inflation, à la difficulté d’obtention des crédits et à une réduction de la capacité d’emprunt des ménages. 

Quels sont les marchés qui portent votre secteur?

Nous sommes portés par la rénovation énergétique, mais le marché a tendance à s'essouffler. Nous sommes inquiets de la nouvelle réforme de Ma Prime Rénov qui entre en vigueur en 2024. Les DPE vont devenir obligatoires pour obtenir des aides, ainsi que le recours au MAR (“Mon Accompagnateur Rénov’”) pour épauler les ménages dans leur projet de rénovation globale. Cela a pour but d’éviter les rénovations anarchiques. Mais on ne peut pas standardiser la rénovation d’une maison, il faut vraiment faire du cas par cas. De plus, nous craignons que les ménages n’aient pas forcément les moyens de mettre le reste à charge pour ces travaux d’ampleur. 

Je crains, par ailleurs, que certains se voient imposer des changements de méthode de chauffage pour aller vers des pompes à chaleur (PAC), alors qu’ils disposaient déjà de matériels efficaces, comme des chaudières à très haute performance (THPE). Car dans la précipitation, on mélange économie d'énergie et décarbonation. On ne pourra pas mettre des PAC partout! Pour rénover globalement, il va aussi falloir que les différents corps d'État travaillent ensemble. Nous appelons donc à faciliter la création des Groupements Momentanés d’Entreprises (GME).

Quels sont les principaux enjeux qui vous mobilisent actuellement? 

Nous sommes inquiets sur notre capacité à répondre à la demande du marché. En matière de rénovation, diverses qualifications comme le Reconnu Garant de l’Environnement (RGE) sont impératives. En l’espace de six ans, nous sommes passés dans notre région de 5.000 entreprises RGE à 4.143! Donc l’enjeu est de proposer ces formations aux artisans, car beaucoup d’entre eux s’en sont détournés, ne trouvant pas de retour sur investissement en raison de leurs coûts et du temps de formation induit. La CAPEB Hauts-de-France a pour cela mis en place le portail maformationbatiment.fr qui permet d’être orienté vers une formation au plus proche de chez soi, en partant du besoin exprimé par l’entreprise.  

Nous devons aussi trouver des personnes qui ont des compétences de plus en plus transversales. Installer des pompes à chaleur nécessite, par exemple, d’avoir des capacités en chauffage, en électrique et en thermodynamique.

Pour la CAPEB, que représente le salon NORDBAT ?

C’est un incontournable ! Le salon NORDBAT permet de rencontrer toutes les entreprises, les fabricants de matériaux et de découvrir les dernières innovations. Nous en profitons également pour accueillir nos partenaires institutionnels. C’est aussi l’occasion de reprendre contact entre pairs dans une ambiance conviviale, en dehors de la pression des chantiers.

Rédaction : Julie Dumez