11-12-13
FÉVRIER 2026

« Construire de l’habitat inclusif, c’est savoir remettre en question des choses considérées comme acquises »

Nouvelles

« Construire de l’habitat inclusif, c’est savoir remettre en question des choses considérées comme acquises »

20-03-2025

Fin mars, sera livrée la dernière tranche de l’opération Marcel Delhaye à Dunkerque : 48 logements adaptés au vieillissement et à la perte d’autonomie. Selon Sébastien Sniady, responsable entretien-exploitation chez Sia Habitat, maître d’ouvrage du chantier, l’habitat inclusif oblige les constructeurs à faire preuve de souplesse.

 

Vous êtes en charge de l’opération Marcel Delhaye à Dunkerque. En quoi ces 48 logements favorisant l’inclusion diffèrent-ils de logements classiques ?

Les toilettes et les salles de bain sont équipées de bas de douche extraplats, de barres de relevage, de WC rehaussés pour les fauteuils et de lavabos sans colonnes. Dans la cuisine, on retrouve un meuble-évier sans colonne. Grâce à la domotique, on peut commander le chauffage, l’éclairage et les volets roulants via une appli ou une enceinte connectée, et ainsi diminuer les déplacements à l’intérieur du logement. 

 

Sanitaires adaptés PMR pour les plombiers, domotique pour l’électricien… les artisans sont-ils suffisamment formés ?

Il s’agit en fin de compte des mêmes lots qu’un chantier classique.  Les mêmes métiers mais avec davantage de méthodologie. Ça demande plus d’anticipation dans les commandes. Pour cette opération, nous avons fait un appel à projet en conception-réalisation avec une AMO. Sur les 3 groupements d’entreprises candidats, on a pris le mieux-disant (Spie-Batignolles) tout en s’assurant qu’il maîtrisait la domotique et les enjeux d’accessibilité. Mais à mon sens, la technique de pose de ces matériels adaptés au handicap n’est pas le plus difficile à acquérir…

 

Quel est selon vous le plus délicat pour le constructeur ?

Savoir remettre en question des choses considérées comme acquises. Savoir faire des concessions. Sur ce type de projets, les entreprises doivent accepter la co-construction. Alors que le projet était déjà bien abouti, Spie-Batignolles a eu l’intelligence de revoir certaines choses en fonction des besoins exprimés par les futurs locataires.

 

Un exemple ?

En retour d’expérience, on s’est rendu compte qu’il ne fallait pas poser la robinetterie dans le dos de la personnes, qu’il fallait pouvoir mettre le siège perpendiculaire aux robinets.  Pilotée par la Communauté Urbaine de Dunkerque, cette démarche de co-construction a impliqué des ergothérapeutes, des professionnels de l’APAHM (Association d’Aide aux Personnes À Handicap Moteur). C’est le type de projets où l’on challenge davantage les équipes.

 

Construire de l’habitat inclusif, est-ce beaucoup plus cher qu’une opération classique ?

Ici, nous sommes à un prix de revient de 3.800 €/m², contre 2.800-3.000 €/m² pour une opération classique. Ce n’est pas tant dû aux adaptations liées à la perte d’autonomie qu’à la spécificité de ce chantier : on a interconnecté des logements neufs et des logements existants grâce à des coursives accessibles de plain-pied, ce qui a alourdit le coût de l’opération.  On a poussé le curseur loin, car pour SIA, il s’agit d’une opération exemplaire. Rendue possible par le legs de 1,8 millions d’euros de Marcel Delhaye, un généreux donateur sans héritier qui souhaitait que sa fortune serve à construire une résidence pour personnes âgées. 

 

Les loyers ont-ils été revus en conséquence ?

Pour équilibrer l’opération, les 24 logements neufs sont en PLS (financés par le Prêt Locatif Social et attribués aux locataires dont les revenus sont trop élevés pour pouvoir prétendre aux HLM mais trop faibles pour se loger dans le parc privé ndlr). Pour les 24 logements anciens, 6 locataires historiques ont vu leur loyer maintenu. Le loyer des autres a été réindexé.  La résidence compte en outre 3 studios gratuits (hors charge) pour des étudiants en social ou paramédical qui s’engagent à consacrer plusieurs heures par semaine aux locataires.

 

Sébastien Sniady, responsable entretien-exploitation chez Sia Habitat, maître d’ouvrage du chantier dont la dernière phase sera livrée fin mars 2025.

 

La résidence en R+1de 48 logements interconnecte 24 habitations neuves et 24 existants, sans obstacle pour les fauteuils roulants. 

 

Une salle commune et des espaces verts sont là pour favoriser le lien social entre les résidents.  

 

Rédaction : Alexandre Lenoir

Actualités connexes

20-03-2025

Début mars, le CECIM Nord (Centre d’Etudes de la Conjoncture Immobilière) publiait ses chiffres sur l’état du marché du logement dans les Hauts-de-France. Constat : les bailleurs sociaux soutiennent une activité en berne. Pour combien de temps encore ?

20-03-2025

Un emplacement prestigieux, une façade historique et un intérieur à grand potentiel. C’est un ensemble garni de beaux atours mais défraichi par le temps que FRESH architectures vient de réhabiliter avec une infinie habileté. Le résultat est tout simplement édifiant.

Ce site web utilise des cookies pour vous offrir une meilleure expérience lorsque vous visitez ce site. En savoir plus sur les cookies